Relations Faune et flore : suivis 2016 en image

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Depuis le début du printemps, trois pièges photos – ou Camera trap – surveillent la faune sauvage du massif du Mont-Blanc. Placés sur des lieux de suivi de la végétation, les appareils serviront à étudier les interactions entre présence de faune et flore en montagne. Pourquoi ? Comment ? Zoom sur la faune.

Passage furtif d'un chamois devant l'un des pièges photo © CREA Mont-Blanc
Passage furtif d’un chamois devant l’un des pièges photo © CREA Mont-Blanc

 

Depuis le début du printemps 2016, le CREA Mont-Blanc Mont-Blanc teste l’utilisation de pièges-photos automatique pour le suivi de la faune sur le massif du Mont-Blanc. Les trois premiers appareils ont été placés sur des zones d’étude de la végétation (placette ORCHAMP) sur lesquelles la présence et l’abondance des espèces animales (passages, traces, d’excréments…) va être évaluée à 1500 m et 1900 m d’altitude.

De nouveaux outils d’observation : les pièges photo

 

 

En plus des caméras de suivi des paysages qui permettent d’étudier les cycles saisonniers de la végétation, le CREA Mont-Blanc s’équipe de pièges photos (camera trap) pour un suivi automatisé des espèces animales. Chaque caméra, petit boitier d’une quinzaine de centimètres camouflé dans la végétation, est placée à environ 60 cm du sol. Grâce à un système infrarouge – sans aucun voyant lumineux visible – l’appareil se déclenche de jour comme de nuit au moindre mouvement. Il prend alors une photo suivie de 10 secondes d’enregistrement vidéo. Les données sont stockées sur une carte SIM.

Les chercheurs, bénévoles ou volontaires du CREA Mont-Blanc, vont régulièrement récupérer les cartes SIM et remettre des batteries pleines dans les pièges photo. Il faut alors trier les données : éliminer les nombreux artéfacts (le vent qui fait bouger a végétation et déclenche l’appareil par exemple) et identifier l’espèce sur l’image.

45 observations automatiques en 2016

Les images de ce premier test grandeur nature ont permis d’identifier 45 individus de 11 espèces différentes du mois de juin au mois d’octobre.

 

Si quatre espèces d’oiseaux ont été clairement identifiées : une grive et un pic noir à 1 500 m et une perdrix bartavelle et un tétras lyre à 1 900 m, les mammifères sont le plus ciblés par l’étude. Ainsi, à 1 500 m, 3 écureuils, 4 chevreuils, 8 chamois et un sanglier ont été observés. Aux deux altitudes, ce sont des images de cerfs (15 contacts à 1 500 m et 5 à 1 900 m) et de renards (2 contacts à 1 500 m et 2 à 1 900 m) qui ont été prises par les pièges photos pendant la période d’observation. Un blaireau a également été observé à 1 900 m.

À partir des images de vaches, qui correspondent à trois journées où elles ont pâturé dans le secteur sur la saison d’été, il sera possible d’élaborer un indice d’intensité du pâturage sur la zone d’étude et donc d’impact de l’abroutissement sur la végétation.

Malgré un engagement fort des partenaires et de la communauté du CREA Mont-Blanc, notamment sur les réseaux sociaux et la page Facebook du CREA Mont-Blanc, quelques images n’ont pas permis une identification claire – passage trop rapide ou vue incomplète de l’animal – et ne pourront pas être exploitées. Des cueilleurs  de champignons, pris en photo quatre fois malgré eux, seront aussi retirés des bases de données emportant avec eux leurs secrets de site.

 

 

Toutes ces données ne correspondent qu’aux observations automatiques des 3 pièges photo. Leur nombre est réduit par rapport aux 270 observations participatives 2016 du module Espèces en live de l’Atlas du Mont-Blanc mais ont permis d’observer des espèces encore jamais aperçues sur ces sites, comme le lièvre variable ou la bartavelle.

Objectif : déterminer l’impact de la faune sur la végétation

 

Installation participative d'une placette ORCHAMP de suivi de la végétation à Loriaz en juin 2016 © IAlvarez
Installation participative d’une placette ORCHAMP de suivi de la végétation à Loriaz en juin 2016 © IAlvarez

 

Toutes les données d’observation recueillies grâce aux pièges photo ne révèlent pas la véritable densité d’animaux dans le massif mais donnent ce que l’on appelle un « indice de contact », un indice de présence de faune.

L’objectif de l’installation de ces appareils est d’évaluer l’incidence de la faune, et en particulier des herbivores, sur la végétation. Il est impossible de déterminer le nombre exact d’une population mais l’indice de présence ou d’abondance déterminé à partir des pièges photos est l’une des façons d’estimer la richesse de l’écosystème dans sa globalité.
Afin d’évaluer sur le long terme quelles parties des écosystèmes changent et de quelle façon elles changent, il est important de varier les méthodes de suivi : en plaçant des pièges photo chaque année à la même période sur ces mêmes zones, en comparant différentes zones et différentes altitudes, en multipliant les « points de contact » à travers la multiplication des caméras et en mettant en relation l’ensemble des techniques (pièges à encre pour les rongeurs, suivi des crottes, des mues, enregistrements des chants d’oiseaux…).

 

De nouvelles caméras pour 2017

Cette année, la tâche principale des chercheurs du CREA Mont-Blanc a été de tester le matériel, de régler la sensibilité des caméras, d’identifier le « lieu idéal » pour chacune d’entre-elles et d’améliorer le protocole pour récolter, trier et exploiter au mieux ces données automatiques.

Certains problèmes doivent encore être résolus :

  • Le suivi semble par exemple impossible pour l’instant en hiver  puisque non seulement les caméras sont vites recouvertes par la neige mais le système se déclenche également lorsqu’il détecte le mouvement des flocons. De quoi vider les batteries en une journée en montagne…
  • Le tri et le traitement des données est long et laborieux, nous recherchons donc des solutions pour impliquer les citoyens dans ces étapes (propositions de solution et exemples similaires bienvenus !)

Pour 2017 et les années à venir, le CREA Mont-Blanc souhaite plus de participation citoyenne à cette étude de la faune du Mont-Blanc. Un partenariat avec les étudiants du Lycée Charles Poncet de Cluses devrait permettre de réaliser nos propres pièges photos – à l’image de la construction des premiers prototypes de stations de température. Il sera alors possible d’étendre les zones d’observation. Des partenariats avec différents refuges d’altitude permettra de couvrir des zones reculées et, dans l’idéal, les habitants du massif pourront eux-mêmes installer ces dispositifs près de chez eux pour participer activement à la collecte de données.

 

 

Rédaction : Charlotte Mader


Pour en savoir plus

Sur le site de l’Atlas du Mont-Blanc, les pages Mont-Blanc live et en particulier le module Espèces en live.

La playlist Pièges photos / Camera trap avec toutes les vidéos de suivi de faune sur la page Youtube CREA Mont-Blanc

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