C’est l’été, et les suivis scientifiques fleurissent en montagne

Notre équipe n’a pas attendu les beaux jours pour se lancer à l’assaut du dénivelé : avec le projet HerbiLand initié depuis 2023 et le démarrage du projet SoPheno depuis ce mois de juin 2024, de nombreux sites en montagne sont identifiés et parfois équipés de matériel scientifique pour de nouveaux relevés.

Mieux comprendre les dynamiques de population d’ongulés sauvages au-dessus de la limite de la forêt, mieux connaître l’évolution des saisons et les conséquences sur le fonctionnement des écosystèmes de montagne : les projets HerbiLand et SoPheno ont besoin, pour répondre à leurs ambitions, de collecter de nombreuses données dans des contextes d’interactions complexes. C’est pourquoi, en parallèle de la mobilisation de bénévoles pour l’observation in situ, nos équipes utilisent des technologies automatisés pour assurer un suivi régulier sur un temps long.

Paysages de montagne dans le massif des Bauges et de Belledonne

La pièce maîtresse de cet équipement : le piège photo.

Avec un déclenchement automatique grâce au mouvement, le piège photo fonctionne de jour comme de nuit pour faire le portrait de la faune sauvage qui passe dans son champ de cadrage. Vous avez sûrement déjà vu ces photographies souvent insolites, qui ont été soumises à l’appréciation collective dans notre programme participatif Wild Mont-Blanc. Alors que le massif du Mont-Blanc est déjà bien équipé par le CREA Mont-Blanc avec une quarantaine d’appareils en fonction, il n’en était pas forcément de même dans le massif des Bauges et en Belledonne, territoires voisins qui font partie du périmètre étudié dans le cadre du projet HerbiLand.

Avec le soutien et la collaboration des équipes du LECA (Laboratoire d’ECologie Alpine) et de l’OFB, nos partenaires techniques pour HerbiLand, nous renforçons le maillage des pièges photographiques, avec l’installation de 11 appareils dans les Bauges, 23 appareils en Belledonne, et bien sûr la maintenance des appareils déjà installés dans le massif du Mont-Blanc, en plus de l’installation de 10 nouveaux appareils à venir. Un travail de précision qui demande un peu d’acrobatie et de la patience pour positionner et calibrer les boîtiers à l’endroit souhaité.

Deuxième dispositif, tout nouveau pour le CREA Mont-Blanc : le collier GPS.

Afin de croiser le comportement des ongulés sauvages avec celui des ongulés domestiques, nous avons la chance de nous appuyer sur des éleveurs exceptionnels qui nous autorisent à équiper certains individus de leur troupeau avec un collier GPS. Ce dispositif nous permet de suivre leurs moindres faits et gestes, afin de mieux comprendre leur choix en ressource alimentaire. L’analyse croisée en génétique avec la collecte de crottes d’ongulés (sauvages et domestiques confondus), nous apportera de précieuses informations sur les plantes préférées de nos sujets d’étude. Merci encore aux éleveurs impliqués à Blaitière, Haut du Four, Orisan, au PNR des Bauges, merci aux consorts ainsi qu’à l’équipe de l’OFB qui partage son expertise avec simplicité et convivialité !

Encore plus inédit : le suivi acoustique

Dans le cadre de SoPheno, un protocole de suivi expérimental est en cours de construction : il consiste à réaliser un suivi acoustique des bourdons, agents pollinisateurs qui pourraient être amenés à l’avenir à se retrouver en situation de désynchronisation avec la floraison de certaines espèces de montagne. Pour s’en assurer, notre équipe a installé in situ un dispositif d’écoute couplé à un piège photo, afin d’assurer dans un premier temps une validation visuelle des sons collectés. Malheureusement, la météo ne joue pas en notre faveur : avec le froid et/ou la pluie, les insectes ne volent pas ou peu.

Le dernier dispositif est moins technologique mais tout aussi technique : il consiste à compter les fleurs fermées, ouvertes, fanées sur des placettes définies et carrées, de 50 à 80 cm.

Expérimenté avec les étudiants de Middlebury College aux alentours du jardin botanique alpin de Flore-Alpe, puis éprouvé avec les bénévoles de la vallée de Chamonix Mont-Blanc sur le chemin de l’alpage de Loriaz, de nombreuses placettes sont en cours d’apparition sur SPOT – notre plateforme web de Sciences Participatives en montagne Ouverte à Tous.

Ainsi, certaines zones sont d’ores et déjà à l’étude, par exemple aux alentours du refuge de l’Alpe de Villar d’Arène, près du Col du Lautaret. Grâce à l’implication de notre partenaire LESSEM, laboratoire de l’INRAE, et au soutien logistique du jardin du Lautaret, des groupes d’étudiants en séjour civique ou de découverte ont déjà pu expérimenter le comptage des myrtilles… Vivez le protocole scientifique en immersion grâce au reportage de RCF Isère.

Baptisé Floraison d’Altitude, ce protocole rejoint la famille des suivis scientifiques disponibles sur la plateforme SPOT : avec l’accompagnement d’un professionnel de la montagne ou en autonomie, nous comptons sur vous pour faire vivre la recherche scientifique en montagne pendant ces belles semaines estivales !

Les projets HerbiLand et SoPheno sont tous deux financés par les fonds européens FEDER Massif Alpes 2021-2027. HerbiLand est cofinancé par la région Auvergne-Rhône-Alpes, la Fondation Alpes Sauvages et la Fondation Crédit Mutuel. SoPheno est cofinancé par Fonds National d’Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT – CIMA). Nous remercions nos partenaires financiers pour leur soutien sans lequel ces projets n’auraient pas vu le jour.

Bandeau HerbiLand

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