Comment la connaissance du vivant peut inspirer nos modèles d’organisation

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Et si l’observation des écosystèmes et une relation renouvelée avec la nature nous ouvraient à de nouvelles stratégies d’adaptation ? Ils constituent en tout cas une source d’inspiration précieuse pour penser différemment le changement en se basant sur les principes du vivant. Le CREA Mont-Blanc a développé avec son partenaire Holomea un ensemble de méthodes pour accompagner les entreprises et les professeurs de l’enseignement supérieur sur cette voie innovante.
Séjour 2022 avec des enseignants du supérieur

La compréhension des écosystèmes peut nous aider à penser la transition de nos organisations : tel est le principe qui sous-tend le travail réalisé au CREA Mont-Blanc avec Holomea autour de la bio-inspiration. Côté CREA Mont-Blanc, cette démarche trouve son origine dans l’approche mobilisatrice développée par l’association pour sensibiliser le public aux enjeux de la biodiversité de montagne. La connaissance scientifique du fonctionnement du vivant et la sensibilité aux milieux naturels constituent en effet un bon point de départ pour redéfinir nos propres modes de fonctionnement, comme l’explique Irène Alvarez, directrice des programmes :

« Les écosystèmes de montagne ont de très fortes capacités d’adaptation et de résilience à des multitudes de chocs, et ils connaissent un choc majeur avec les changements climatiques. En les observant et en ouvrant les yeux sur ce qui se passe dans la nature, nous pouvons explorer des pistes pour résoudre les défis qui se posent à nos sociétés et à nos modèles économiques. »

D’une approche machine à une vision organique des enjeux et des solutions

Au travers de cette démarche, il ne s’agit pas de chercher à reproduire strictement les mécanismes des écosystèmes. Tous les principes de la nature ne sont pas applicables aux organisations humaines, et certaines notions propres aux organisations humaines telles que la justice sociale ou l’intentionnalité ne se retrouvent pas ou peu dans la nature. L’idée est plutôt de s’inspirer de certaines de leurs caractéristiques pour travailler sur des notions comme la diversité, les interactions entre les individus ou les espèces, la redondance, la performance ou encore la coopération. 

Dans cette optique, le CREA Mont-Blanc a imaginé avec Holomea, spécialiste des projets de transition écologique et sociale, une méthodologie pour amener des entreprises, des écoles et des universités à s’ouvrir à d’autres manières de fonctionner en s’appuyant sur l’observation de la nature. « On touche les limites de l’organisation actuelle des collectifs, axée sur la machine, qui est héritée de la révolution industrielle. Dans nos échanges avec le CREA Mont-Blanc, nous nous sommes rendu compte que les questions qui se posent aux écosystèmes vivants sont en réalité très proches de celles que l’on retrouve dans les organisations, précise Christine Ebadi, cofondatrice d’Holomea. Nous proposons une approche commune de la bio-inspiration dans laquelle le CREA Mont-Blanc apporte sa légitimité scientifique et le rapport sensible à la nature qui fait sa spécificité, et Holomea ses compétences autour des organisations, des enjeux de transformation et des outils collaboratifs. » 

Une prise de recul nécessaire

Cette méthodologie s’adresse au public des managers et responsables de projets de transformation en entreprise, mais aussi aux professeurs de l’enseignement supérieur. Elle se décline sous différents formats, de la conférence ou du webinaire pour introduire le sujet jusqu’aux séjours de plusieurs jours en montagne. « La formule la plus complète dure 4 jours. Nous amenons les participants sur le terrain pour qu’ils ressentent le fonctionnement des écosystèmes par l’observation, à partir des sujets d’étude du CREA Mont-Blanc. Cela contribue à les rendre réceptifs à ce qui les entoure, décrit Irène. Il s’ensuit une phase de déconstruction où ils font le lien entre ce qu’ils ont observé et le sujet qui les préoccupe, puis une phase de reconstruction où, à partir des grands principes du vivant ils peuvent repenser leurs relations d’équipe, leur démarche RSE, ou encore leur gestion de projet ou leur enseignement de la transition. » 

Dans cet esprit, une quinzaine d’enseignants d’université d’école de commerce et d’école d’ingénieur ont participé à un séjour sur le massif du Mont-Blanc l’été dernier pour faire ce cheminement. « On sent que ce type d’expérience ouvre des portes, poursuit Irène. Le cadre de la montagne, dans un contexte inhabituel, le fait d’échanger entre pairs, tout cela contribue à libérer la parole et à faire émerger des idées nouvelles.

L’enjeu ensuite, quand ils sont redescendus, est d’intégrer cette approche de la nature dans le quotidien de l’organisation. » Christine Ebadi partage ce retour d’expérience :

« La transformation est un sujet extrêmement complexe auquel on ne peut pas apporter de réponse mécanique. La bio-inspiration permet de faire un pas de côté pour regarder les choses autrement, et de découvrir d’autres voies pour fonctionner avec d’autres principes. »   

Face à la multiplicité des défis actuels auxquels sont les entreprises et les universités font face, cette activité est amenée à prendre de l’ampleur. Des prochains séjours sont d’ores et déjà en cours de préparation. Nous invitons les entreprises ou établissements d’enseignement supérieur qui souhaitent vivre cette expérience avec nous, autour de leur(s) sujet(s) du moment, à nous contacter.

Quelques interventions récentes autour de la bio-inspiration
  • L’été dernier, le CREA Mont-Blanc et Holomea ont emmené les membres du comité de direction de Suez Eau AURA en montagne pour penser différemment les enjeux de la transition de l’entreprise.
  • Le 25 octobre 2022, Irène Alvarez et Christine Ebadi ont présenté le travail réalisé autour de la bio-inspiration et les différents parcours pédagogiques proposés, lors d’une intervention au salon Biomimexpo, à la Cité des sciences et de l’industrie de Paris. 
  • Le CREA Mont-Blanc a participé à la co-construction d’un marathon créatif sur la ville bioinspirée du 14 mars au 1er avril 2022 organisé par le laboratoire d’innovation de la Métropole de Lyon, Erasme. Il a réuni une soixantaine de participants de tous horizons (chercheurs, chefs d’entreprise, étudiants) pour explorer des pistes de transformation inspirées par le vivant dans le domaine de l’action publique. 


Le séjour 2022 a eu lieu dans le cadre du projet TourScience Plus, projet est mené en coopération transfrontalière avec la Commune de Torgnon et est financé par les fonds européens FEDER-Alcotra sur la programmation 2014-2020.

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