Ce que nos recherches doivent aux bénévoles

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Sans eux, rien ne serait possible au CREA Mont-Blanc ! Eux ? Ce sont les bénévoles de terrain qui tout au long de l’année s’impliquent à nos côtés pour suivre les espèces animales et végétales du massif. Une mission exigeante et passionnante, pour laquelle nous cherchons toujours de nouveaux volontaires.

Test de protocole au Plan de l’Aiguille © Isabelle Boulangeat

Ils s’appellent Simone, Antoine, Pascal, Alison, Cécile, Sandrine, Joëlle, Danielle, Jacques, Stijn, René et Ophélie. Au printemps, dans le cadre de Phénoclim, ils se sont relayés toutes les semaines sur le terrain pour participer aux différents protocoles d’observation. 

En fonction de l’espèce suivie, leur rôle varie : pour les mésanges noires, espèce protégée pour laquelle les manipulations sont soumises à autorisation, les bénévoles sont des assistants de terrain qui participent à l’entretien de la centaine de nichoirs à la maintenance du matériel, et qui accompagnent nos chercheurs pour contrôler les nids et suivre la reproduction : nombre d’œufs, dates de ponte et d’éclosion, jusqu’à l’envol des poussins. Dans le cas des grenouilles rousses, ils assurent en autonomie le suivi saisonnier des mares d’altitude. Ce qui demande un vrai engagement, vu le rythme hebdomadaire des suivis et l’altitude de certains sites d’observation. « Certains d’entre eux nous aident depuis des années, explique Anne Delestrade, directrice du CREA Mont-Blanc. Ce sont la plupart du temps des personnes très motivées qui réalisent leurs tâches avec un grand sérieux et qui contribuent pleinement à nos recherches. »

Des motivations diverses

Cette participation à un programme scientifique est d’ailleurs une des principales motivations des bénévoles, avec le fait de partager leur passion de la montagne et le souhait de mieux la connaître. Interrogés sur ce que leur a apporté cette expérience, beaucoup insistent sur le plaisir de la découverte. Ainsi Antoine : « Très sympathique mission dans un environnement exceptionnel de l’alpage de la Loriaz et dans ce milieu montagnard qui m’émerveille toujours. Observer le développement des grenouilles rousses à 2000 m depuis la ponte au milieu des névés jusqu’aux grenouillettes avec l’explosion de la flore alpine est passionnant. » 

D’autres apprécient la richesse des échanges : « Visite des nichoirs, amélioration des nichoirs abîmés par les intempéries et le temps, acquisition scientifique sur les mésanges et leur vie, échanges avec Brad et ses collègues sur la végétation d’altitude, engagement de Chloé dans le projet… Tout est intéressant et motivant et participe à la sauvegarde de ce magnifique patrimoine naturel. » Et cela donne une autre vision de la montagne, explique un autre : « Cela me fait regarder de plus près la nature qui m’entoure, appréciant les petits changements dans les plantes et la faune. »

La mesure des mares et suivi de grenouilles à Loriaz © Irene Alvarez  

Chasse au trésor

Autre programme mené dans le cadre du projet CLIMB+, le suivi du lièvre variable a mobilisé 3 bénévoles l’hiver dernier. L’approche est un peu différente puisqu’il faut suivre des traces dans la neige à la recherche de crottes afin de quantifier la présence de cette espèce dans le massif. Bénévole de longue date et sur de multiples projets, Simone a participé à deux expéditions : « La première fois, Anne m’a expliqué la méthode, et ensuite c’était comme un jeu de piste. Cela m’a beaucoup plu, les traces sont très spécifiques, on ne peut pas confondre, j’en ai trouvé beaucoup. J’apprends énormément en travaillant avec le CREA Mont-Blanc, et cela me sert dans mon métier de naturaliste. Je fais tout le temps des choses nouvelles et étonnantes avec eux, c’est très intéressant ! » 

Le suivi de la placette My Garden of Trees à l’Observatoire du Mont-Blanc

Partenariat scientifique

Dernier programme en date, Simone participe au projet My Garden of Trees, une expérimentation menée en partenariat avec l’institut fédéral de recherche suisse WSL. L’objectif est d’évaluer l’adaptation locale des forêts au changement climatique, en transplantant sur 6 sites pilotes, parmi lesquels le jardin du CREA Mont-Blanc, des graines de hêtre et de sapin blanc originaires des quatre coins de l’Europe. « Il s’agit de tester un protocole de recherche, en vue d’un déploiement à plus large échelle en 2022. Nous avons planté les graines dans des rectangles avec des conditions différentes, et le travail consiste à observer la manière dont les arbres poussent… ou ne poussent pas. Pour cela nous avons sollicité deux de nos bénévoles les plus anciennes, Joëlle et Simone, qui assurent un suivi hebdomadaire, précise Colin Van Reeth, responsable science participative. Leur expertise est aussi très précieuse. »

Ces quelques exemples illustrent la manière dont les citoyens peuvent s’impliquer sur le terrain pour nous aider à comprendre les évolutions dans le massif du Mont-Blanc. « De nouveaux projets sont prévus, sur l’étude du lagopède ou sur les mesures de végétation dans les landes, pour lesquels nous ferons appel aux bonnes volontés. C’est une démarche que nous souhaitons accentuer en fédérant un noyau de bénévoles autour de nous », conclut Anne. 

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