La science participative est au cœur des démarches du CREA Mont-Blanc. Mais comment inciter encore plus de monde à participer à nos observations de terrain ? Pour répondre à cette question, nous avons testé un nouveau dispositif l’été dernier, imaginé spécialement pour les visiteurs du refuge du Plan de l’Aiguille au-dessus de Chamonix. Retour d’expérience de cette saison 1.
Les activités du CREA Mont-Blanc reçoivent toujours un bon accueil au Refuge du Plan de l’Aiguille ! L’été dernier, nous y avons même pris nos quartiers en installant, avec la complicité de l’équipe, un dispositif expérimental de science participative à destination des visiteurs du refuge, quels qu’ils soient : sportifs, alpinistes, randonneurs, familles…
Entre la mi-juillet et la fin septembre, un présentoir à l’intérieur du refuge leur donnait les indications et le matériel pour participer à deux protocoles d’observation. Un protocole « rencontres » leur proposait de punaiser sur une carte des environs du refuge les endroits où ils croisaient des animaux et d’indiquer les espèces rencontrées. Le second, protocole « saisonnalité », les invitait à noter des observations de phénologie telles que la présence des myrtilles et la couleur de la végétation sur une placette permanente de 30 m de côté, qu’ils devaient d’abord trouver avec une carte.
De nouvelles voies de participation
Cette expérimentation, menée en lien avec le programme Refuges Sentinelles poursuivait un double objectif : recueillir les résultats d’observation des participants et surtout explorer de nouvelles voies de participation du public à nos recherches. « Ces deux protocoles mêlaient écologie, avec le besoin d’avoir des mesures pour mieux comprendre la biodiversité en montagne, et sciences humaines et sociales, avec des interrogations sur nos dispositifs, pour voir comment il est possible de faire de la science participative en refuge, comment l’intégrer à l’expérience du refuge, et plus généralement comment inciter les gens à participer à nos protocoles », explique Quentin Daveau, chargé de mission médiation et science participative au CREA Mont-Blanc.
Lever les obstacles
Au terme de cette première saison, le bilan de l’expérimentation se révèle riche d’enseignements. « C’est une bonne idée de proposer ce type d’activité. Nous avons de la place pour accueillir le dispositif, et l’observation de la nature fait partie de la découverte de la montagne, analyse Claude Quenot, gardien du refuge du Plan de l’Aiguille. Ce n’est pas toujours simple, parce beaucoup des gens qui viennent à midi n’entrent pas dans le refuge et ne voient pas les expériences proposées, mais nous avons eu des familles et des promeneurs qui se sont montrés vraiment intéressés. »
De fait, l’intérêt majeur de cette première saison est de comprendre ce qui a pu encourager la participation du public, ou au contraire quels étaient les obstacles à lever. « Outre la question de la visibilité, il y a un vrai travail à faire sur la désacralisation de la science, poursuit Quentin. De nombreuses personnes ne se sentent pas légitimes et n’osent pas participer, alors que les protocoles sont souvent simples, et que leurs observations sont indispensables. »
Quant à ceux qui ont participé, leur retour est le plus souvent très positif, notamment parce qu’ils ont le sentiment d’avoir contribué directement à la recherche sur le changement climatique en montagne. Ils ont aussi l’impression d’avoir pris le temps de regarder la montagne différemment, et de découvrir des palettes de couleurs et une diversité d’espèces qu’ils n’imaginaient pas forcément. « Cette dimension est importante, parce que le CREA Mont-Blanc veut aussi transmettre l’émerveillement devant la richesse des écosystèmes, qui sont certes fragiles, mais beaux », ajoute Quentin.
Regarder différemment la montagne
Soutien du CREA Mont-Blanc dans le cadre du 1% pour la planète, l’agence d’innovation responsable Maobi, a eu l’occasion de faire tester les deux protocoles à ses salariés. Et l’expérience s’est révélée concluante, commente Margot Janvier consultante en éco-conception et analyse de cycle de vie au sein de la société : « Au départ, nous avons eu du mal à trouver la placette ! Mais une fois sur place nous avons appris un tas de choses, comme faire la différence entre des airelles et des myrtilles, c’était à la fois ludique et pédagogique. J’ai particulièrement aimé l’aspect microscopique : quand on parle de montagne, on pense souvent aux gros animaux, aux arbres, là il fallait au contraire se rapprocher du sol pour observer de petites choses et la biodiversité incroyable. C’était très intéressant, même si on ne se rendait pas forcément compte de l’utilité scientifique de ce que l’on faisait. Au final, l’expérimentation et nos échanges avec le CREA ont révélé de nombreux points de convergence avec les activités de MAOBI, notamment sur les approches participatives »
Ces retours d’expérience sont indispensables pour affiner le dispositif pour la saison 2, dans un format qui reste à définir, et préparer de futurs programmes de science participative. Rendez-vous l’été prochain !
Laisser un commentaire