Lundi 30 avril 2018, il est 12h34 et l’équipe du CREA Mont-Blanc se rassemble pour la pause-déjeuner à l’Observatoire. Nous sommes en pleine saison d’observations de printemps et Marjorie Bison revient des nichoirs de mésange noire. Un débat houleux anime la tablée et divise l’équipe.
Bien sûr, rassemblez une bande de chercheurs et d’amateurs de sciences pour le déjeuner et offrez leur sur un plateau – ou plutôt dans un nid – un débat qui divise : entre deux bouchées, une question tombe : « Le poids des œufs de mésanges évolue-t-il pendant la couvaison ? ».
Deux hypothèses émergent. Les uns pensent que le poids des œufs augmente avec le temps, en réponse à la multiplication cellulaire (le poussin se forme), alors que les autres soutiennent que le poids reste stable, en argumentant qu’aucun échange de matière avec l’extérieur n’a lieu et que, par conséquent, le poids n’est pas censé bouger.
Nous pouvons tester ces deux hypothèses dès la semaine suivante, grâce aux pesées des œufs réalisées chaque semaine dans les nichoirs occupés par les mésanges noires à Vallorcine et Loriaz.
C’est alors que, ô surprise, nous nous apercevons que le poids des œufs diminue pendant la couvaison ! Au cours d’une semaine à peine, les œufs perdent en moyenne 6,6% de leur poids à Vallorcine (1 300 m) et 9% de leur poids à Loriaz (1 900 m).
Aucune des deux hypothèses n’est donc vérifiée, nous avions tort.
En cherchant dans la littérature scientifique, on remarque que cette diminution a en fait déjà été observée chez plusieurs espèces d’oiseaux et les résultats ont été publiés… en 1974 ! Les auteurs y démontrent que les œufs d’oiseaux perdent de l’eau par évaporation par échange gazeux à travers la coquille pendant la période de couvaison.
Et oui, ce petit débat interne nous montre que, d’une part, les études de plus de 30 ans servent toujours et, d’autre part, l’expérience et les faits valent toujours mieux que les avis et opinions des uns et des autres, aussi renseignés soient-ils ! Une petite leçon d’esprit critique et de méthode scientifique dans un climat de scepticisme !
Rédaction : Marjorie Bison
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