L’été qui vient de s’achever a une nouvelle fois été riche pour les sciences participatives au CREA Mont-Blanc. Bénévoles, randonneurs ou visiteurs de passage dans les refuges, nous avons largement sollicité différents publics sur nos terrains d’observation d’altitude pour faire avancer nos programmes de recherche. Retour sur une saison particulièrement active.
L’avantage des sciences participatives, c’est qu’elles s’adressent à tout le monde ! Les différents programmes proposés par le CREA Mont-Blanc durant l’été ont mobilisé sur le terrain des néophytes autant que des bénévoles chevronnés.
Parmi ceux-ci, les protocoles scientifiques testés l’année dernière dans le cadre des Refuges sentinelles avaient été adaptés. L’objectif : proposer une saison 2 un peu différente.. « Cette année, nous avons également installé des dispositifs au refuge des Prés, aux Contamines-Montjoie pour inciter les personnes qui passaient à participer au recueil de données », explique Anaïs Ramet, récemment arrivée au CREA Mont-Blanc comme chargée de mission sciences participatives.
Des observations simples
Deux protocoles étaient communs aux deux refuges : le premier invitait les participants à observer 5 espèces de plantes présentes autour des refuges en notant l’avancement dans leur rythme saisonnier ; ils pouvaient également photographier les chocards bagués qu’ils croisaient en montagne et envoyer leur photo avec la localisation, et recevoir en retour des informations sur l’individu observé. Au refuge des Prés, il était aussi possible de scruter les têtards évoluant dans la mare située à proximité du refuge.
Pour faciliter les choses et les inciter à participer, les visiteurs disposaient de feuillets préremplis avec des explications sur l’intérêt scientifique de la démarche.
L’importance de l’animation
Au refuge des Prés, un animateur de la réserve naturelle nationale des Contamines-Montjoie était présent une fois par semaine pour guider les randonneurs dans leurs observations. « Cet élément a été déterminant puisque nous avons pu recueillir une quarantaine de participations de cette manière. A l’inverse, nous nous sommes rendu compte qu’il y a peu de participation si nous ne faisons pas cet effort d’animation », commente Anaïs.
Un bilan quantitatif contrasté donc, mais qui comporte beaucoup de points positifs : « Les personnes qui participent se montrent toujours très intéressées, même si elles ne se sentent pas forcément légitimes à récolter des données pour un programme scientifique. Cela ne demande pourtant pas de connaissances particulières, et elles peuvent le faire avec leurs enfants. D’où l’importance d’avoir un animateur qui les rassure sur ce point. »
Enrichie par ce retour d’expérience, l’opération sera reconduite l’été prochain. D’ici là, la réflexion se poursuit pour trouver le format le plus incitatif pour ces dispositifs.
Des bénévoles mobilisés
Sur un terrain différent, une vingtaine de bénévoles se sont relayés tout l’été pour faire des relevés sur des points prédéterminés, afin d’en caractériser le sol, d’identifier les plantes et de mesurer leur hauteur. L’objectif était d’enrichir une cartographie des landes situées entre 1800 m et 2300 m en complétant les données satellitaires (notamment pour le projet ORION SCO Space for Climate Observatory), mais également d’affiner la connaissance de la flore présente à proximité des pièges photos installés en permanence, afin de faire le lien entre les animaux photographiés et la végétation.
Amaury Berger, étudiant en biologie et stagiaire au CREA Mont-Blanc, a préparé et coordonné la participation des bénévoles à ces 13 sorties qui ont permis d’effectuer 80 séries de mesure sur chacune des 137 placettes* identifiées. « Au début de la semaine, je contactais les bénévoles et j’organisais les missions de la semaine : planning, matériel, météo… Ensuite, nous partions sur le terrain du mardi au jeudi par équipes de 3 ou 4 personnes pour des sorties d’environ 8 heures. Et le vendredi était consacré à la saisie des données d’observation », raconte-t-il.
Une contribution essentielle
En un mois, la contribution des bénévoles est impressionnante, puisqu’ils ont effectué au total près de 11000 déterminations de sol et mesures de hauteur, et reconnu plus de 22000 plantes ! « Ils étaient super motivés, à la fois par le plaisir de faire une sortie en montagne et par les échanges avec les chercheurs du CREA Mont-Blanc. Parmi eux, il y avait toute sorte de profils : des professionnels, des étudiants, des passionnés de nature, des vacanciers qui avaient entendu parler des sciences participatives… » Quant à Amaury, il a particulièrement apprécié l’expérience : « C’était la première fois que je faisais des sciences en montagne. J’étais tout le temps sur le terrain et j’ai énormément appris ! Ça m’a donné envie de poursuivre sur cette voie », conclut-il.
Un grand merci à l’équipe de cet été 2022, bénévoles et chercheurs, dont Emilie Lab, Maeva Youf, Aëlig Créno, Estelle Solem, Nadine Gex, Sandrine Goulmy, Sebastian Fischbach, Ben Robson, Chiara Quadranti, Elsa Östlund, Matteo, Pascal Negre, Stéfanie, Anaïs Ramet, Mathieu Vercaemer, Marjorie Bison, Brad Carlson, Gilles Yoccoz, Anne Delestrade et Amaury Berger. Ils ont réalisé 142 placettes* durant leurs 16 jours sur le terrain. Les analyses sont en cours, histoire à suivre…
* Une placette est étudiée par un groupe de 3 ou 4 personnes, qui font 80 mesures de hauteur de la canopée, 80 déterminations du type de sol, et 80 points contacts avec la détermination des espèces touchant directement le mètre. C’est donc un total, pour nos 142 placettes, de 11441 mesures de hauteur et déterminations du sol qui ont été effectuées, et 23166 plantes reconnues !
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